En 1960 sort le livre Graffiti, par le photographe Brassaï (photographe français d’origine hongroise, et aussi dessinateur, peintre, sculpteur et écrivain), fruit de trente ans de recherches, régulièrement réédité, qui propose le graffiti comme une forme d’art brut, primitif, éphémère. Picasso y participe. C’est sans doute la première fois que l’on évoque le graffiti comme un art. D’ailleurs, en 1963, Gérard Zlotykamien commence à peindre dans l’immense chantier dit du “trou des Halles” (ce « ventre de Paris », évoqué par Zola du temps des marchés de gros, est devenu le “cœur” de la capitale, avec une ville souterraine sur plusieurs niveaux et la plus grande gare souterraine du monde) à Paris ses “éphémères”, des silhouettes inspirées par les ombres laissées sur les murs par la population d’Hiroshima après l’explosion de la bombe atomique.
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Dans la foulée de mai 1968, les messages politiques de la rue parisienne gagnent en poésie et en qualité graphique. Ils sont notamment le fait d’étudiants en philosophie, en littérature, en sciences politiques ou en art et font souvent preuve d’humour absurde ou d’un sens de la formule plutôt étudié : « Cache-toi, objet ! », « Une Révolution qui demande que l’on se sacrifie pour elle est une Révolution à la papa », « Le bonheur est une idée neuve », « La poésie est dans la rue », « La vie est ailleurs », « Désobéir d’abord : alors écris sur les murs (Loi du 10 mai 1968) », « J’aime pas écrire sur les murs », etc. (cf le livre Les murs ont la parole de Julien Besançon aux éditions Tchou). Ces slogans sont indifféremment écrits au pinceau, au rouleau, à la bombe de peinture (plus rare) ou sur des affiches sérigraphiées. C’est de cet affichage sauvage et militant que naît une tradition parisienne du graffiti à vocation esthétique.
À la fin des années 1960, les premiers tags, signés Cornbread et Cool Earl, apparaissent à Philadelphie. C’est aussi à cette époque que dans plusieurs pays des deux côtés de l’Atlantique, du fait notamment de la disponibilité d’aérosols de peintures “émaillées” (originellement destinées à la peinture d’automobiles), une partie des graffiti a gagné une vocation esthétique. C’est ainsi qu’en 1969 on voit les véritables débuts du graffiti à New York, avec Taki 183, Frank 207, Phase 2, Barbara 62 et Eva 62, Stay high 169, Joe 136, Julio 204 et des dizaines d’autres.
Le mouvement a été très spectaculaire dans le métro de New York dont les rames se sont subitement couvertes de noms. En quelques années, ces tags (signatures) se sont sophistiqués et sont devenus de véritables typographies, leurs auteurs ayant décliné l’écriture de leurs message (plus souvent leurs noms) afin d’en augmenter la visibilité ou d’en développer le style pour marquer ou s’affirmer par leur personnalité et pour faire partie de la mémoire collective ne serait-ce que dans leurs milieu, parfois au moins comme simple précurseur d’un style. Le but du graffiti étant au départ d’obtenir « the Fame », c’est-à-dire la célébrité, la reconnaissance des autres taggers ou graffers leur signifiant par là qu’ils existent ! Tous les moyens seront bons pour cela : la simple affirmation d’une identité [« Je me surnomme Taki, j’habite la 183e rue (dans le South Bronx, c’est-à-dire le quartier le plus mal aimé de la ville à cette époque) mon nom parcourt la ville tous les jours, j’existe ») s’est doublé d’ambitions plastiques, qui se sont révélées être un autre moyen de se faire remarquer ! Ce n’est plus seulement le graffeur le plus actif ou celui qui prend le plus de risques qui obtient une forme de reconnaissance, mais aussi celui qui produit les œuvres les plus belles. Très rapidement, des styles standardisés (lettrage “bulles”, lettrage “wild style”) et des pratiques (”top-to-bottom whole car”, train dont une face est totalement peinte, fenêtres comprises ; “Whole Car Windows Down”, train dont les fenêtres sont épargnées ; “throw-up”, grand lettrage exécuté très rapidement et avec peu de couleurs ; etc.) se cristallisent. Des groupes (appelés “posses”, “crews”, “squads” ou “gangs”), comme la ville de New York en a toujours connus, se forment et permettent aux graffeurs de s’unir pour exécuter des actions spectaculaires (peindre plusieurs rames d’un train par exemple), pour ajouter un nom collectif à leur nom individuel mais aussi pour s’affronter entre groupes, de manière pacifique ou non.
Le phénomène est tel qu’en 1971 le très sérieux New York Times interviewe Taki 183. Un an plus tard a lieu la première exposition d’art consacrée aux graffiti-artistes, à la Razor Gallery de New York, avec des artistes sélectionnés par Hugo Martinez, sociologue à l’Université de New York, et les United Graffiti Artists. La même année John Lindsay, maire de New York, déclare la guerre aux graffitis, même si des graffiteurs de l’époque se rappellent que, malgré tout, les trains peints sous le mandat de ce maire ont parcouru la ville pendant des années. En mars 1973, dans le New York Magazine, un article de Richard Goldstein intitulé The Graffiti hit parade évoque le potentiel artistique du graffiti et lance le concours du plus beau graffiti du métro. De 1975 à 1977 ces deux années seront les plus prolifiques de l’histoire en termes de graffitis dans le métro de New York : les divers principes créatifs étaient arrivés à maturité, le nombre de graffiteurs ne cessait d’augmenter (mais la réponse de la Metropolitan Transportation Authority était bien trop molle pour endiguer le phénomène). Dans ce laps de temps, en 1976, Jean Baudrillard (sociologue et philosophe français, sa pensée avait fortement évolué depuis la publication, à la fin des années 1960, du Système des objets et de La Société de consommation, pour se concentrer sur la notion de « disparition de la réalité ») publie un essai consacré au graffiti, Kool-Killer ou l’Insurrection par les signes (in. L’échange symbolique ou la mort, Gallimard). Dans le même registre, mais en version humoristique, en 1979, dans le film comique Monty Python : La Vie de Brian, l’hébreu Brian est surpris par un centurion alors qu’il écrivait un slogan anti-romain sur un mur au centre-ville : ce Romain constate une erreur de grammaire latine et oblige Brian à copier cent fois la phrase correcte, ce qui le contraint à écrire sur tous les bâtiments de la place centrale.
Au milieu des années 1970, la culture du graffiti est plus ou moins figée dans son fonctionnement et dans ses productions. La culture hip-hop émerge alors du graffiti mais aussi d’autres formes d’expression nées en même temps : une nouvelle danse plutôt acrobatique (break dance), un genre musical à base de textes parlés (rap), de mixage de disques (dee jaying, scratch) et de fêtes en plein air (sound systems). À la fin des années 1970, le graffiti a été sévèrement réprimé dans le métro de New York et a commencé à se diffuser sur les murs des banlieues défavorisés de la ville avant d’essaimer dans d’autres grandes villes américaines (Los Angeles, Chicago, Philadelphie, Houston).
C’est à cette époque aussi que le milieu de l’art commence à se pencher sérieusement sur le sujet. Des graffiteurs “légendaires” tels que Lee Quinones, Seen, Futura 2000 ou Fab Five Freddy peignent sur des toiles. Des peintres qui ne sont pas spécialement issus des quartiers défavorisés de New York et qui ont généralement suivi un cursus classique en Arts ou en communication visuelle, intéressés par l’idée d’un art urbain ou d’un art clandestin, s’associent aux graffiteurs (comme Jenny Holzer, qui fera écrire ses “truismes” – vérités trop manifestes, qu’il est superflu de vouloir démontrer et qui ne valent même pas la peine d’être énoncés – à la bombe par Lady Pink) ou s’approprient leur pratique. C’est alors qu’en 1980 a lieu l’exposition New York New Wave organisée par Diego Cortez au centre d’art P.S.1 (Moma) à New York. Des artistes installés tels que Andy Warhol y côtoient des graffiti-artists tels que Seen ou des peintres inspirés par cette culture tels que Jean-Michel Basquiat. Un an plus tard s’ouvrent, toujours à New-York, les galeries Fashion Moda (3è avenue, dans le Bronx) et Fun Gallery (East Village), toutes deux consacrées à la promotion d’artistes issus du graffiti. On voit également la sortie du film Wild Style (de Charlie Ahearn), qui met en scène Lee Quinones et Lady Pink. Le documentaire Style Wars présente lui de nombreux artistes et met particulièrement en valeur Seen, Kase 2 (un graffiti-artist manchot), Dondi White ainsi que Cap, un graffiteur spécialisé dans le vandalisme des travaux des autres graffiteurs.
À la fin des années 1970, l’artiste Ernest Pignon-Ernest produit des affiches sérigraphiées, sans slogans, qu’il expose dans plusieurs grandes villes : “les expulsés” collés sur les murs de maisons en démolition et représentant à taille réelle des personnes tenant des valises ou un matelas, “Rimbaud” représentant le poète, jeune, toujours à taille réelle. Les sérigraphies urbaines d’Ernest Pignon-Ernest interpellent le passant et lui demandent quelle est la place de l’humain ou de la poésie dans la cité moderne.
En 1981, Bando (artiste graffiti) importe “officiellement” le graffiti new-yorkais à Paris. Pour autant, Spirit, dès 1979, taguait Attica puis Panzer ou La Bande à Bonnot, son groupe de punk-rock, puis fonda le premier crew (groupe), les Paris City Painters avec Blitz et Asphalt (ils se renommeront La Force Alphabétick). Cette primeur peut également être disputée avec Epsylon Point, un peintre original, street-artist avant la lettre et n’ayant jamais eu peur de mélanger les techniques et les cultures : pochoiriste, graffiteur “new-yorkais”, peintre plus traditionnel (il a commencé à peindre à la bombe en 1979 à Dijon, puis à Montpelier, avant de revenir à Paris en 1981). Pour se faire connaître, les groupes de musique punk-rock parisiens comme La Bande à Bonnot ou Lucrate Milk utilisent la bombe avec ou sans pochoir et les marqueurs sur tous supports. Leurs références artistiques sont le mouvement Dada ou CoBrA (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) et bien sûr la scène punk : The Ex en Hollande, The Clash à Londres ou Berurier Noir en France (quelques années plus tard, les premiers pochoiristes comme Blek le Rat ou Jef Aérosol continueront sur le même principe, leurs œuvres étant des peintures exécutées selon la technique du pochoir). Dès 1982, pour annoncer leur « premier supermarché de l’art », Roma Napoli et JJ Dow Jones du Groupe Dix10 placardent dans le quartier Beaubourg de grandes affiches aux personnages de comics/bd américains.
Miss.Tic (son nom emprunté au personnage de sorcière railleuse Miss Tick du journal de Mickey est dans l’esprit de ces années-là : beaucoup de jeunes peintres s’affublent de surnoms puisés dans les bandes dessinées, tels Placid et Muzo, les frères Ripoulin, les Musulmans fumants, Blek le Rat, Speedy Graphito, Paëlla Chimicos, Lulu Larsen, Cap’tain Cavern… une tendance gros bêta et irrévérencieuse en rupture avec l’intellectualisme abstrait ou métaphysique des décennies précédentes) se forme pendant plusieurs années au gré de travaux d’arts appliqués – décor de théâtre, maquette, photogravure –, puis part s’installer en Californie au début des années 80. De retour à Paris, à la suite d’un dépit amoureux, elle décide d’utiliser ce dissentiment comme une pratique artistique, avec le pochoir à la bombe comme technique, et les murs comme support. Bien que n’ayant suivi aucune formation en école d’art, l’aventurière en poésie ne manque pas de prétentions plastiques. Ses autoportraits, encore sommaires, sont rehaussés d’épigrammes à base de jeux de mots, de calembours, qui composent une chronique de son existence. Elle est la première à utiliser les murs pour raconter sa vie, ses désirs, ses ruptures sentimentales, ses travers, ses fantasmes, comme lieu d’expression directe et synthétique. Miss.Tic affirme une déclinaison bien à elle, en jouant sur les stéréotypes de la femme séductrice. Le fétichisme où se croisent la robe fourreau, le décolleté, les porte-jarretelles, les bas, les lanières, le fouet, les gants montants, vient percuter ses épigrammes poétiques. Ce contraste fait imploser l’expression aguicheuse du dessin. Son œuvre provoque un questionnement, foulant aux pieds les archétypes de la femme marchandise. Déjouant la fausse perfection de la publicité et les redondances du slogan, Miss.Tic interpelle, ce qui est l’essence même d’une œuvre. « Les images de femmes que je représente sont issues des magazines féminins, je les détourne. Je développe une certaine image de la femme non pour la promouvoir mais pour la questionner. Je fais une sorte d’inventaire des positions féminines. Quelles postures choisissons-nous dans l’existence ? ». Bien que vite repérée pour sa singularité, Miss.Tic reste pourtant en marge du milieu de l’art. Le pochoir est alors perçu comme un mode mineur : au mieux une œuvre éphémère, au pire une dégradation de bâtiments. Mais Miss.Tic n’est pas la seule à subir cet ostracisme. Les jeunes graffitistes sortis des années 80, comme leurs prédécesseurs que sont Ernest Pignon-Ernest, Ben, ou encore des artistes classés dans le Nouveau Réalisme tels Jacques Villeglé ou Raymond Hains sont méconsidérés. Il faudra longtemps avant que ce préjugé du milieu de l’art ne s’inverse.
Toutefois, outre les pochoiristes, de nombreux artistes s’intéressent à l’art urbain et clandestin, comme Jérôme Mesnager, auteur d’hommes peints en blanc qui courent sur les quais de la Seine, les VLP (Vive La Peinture : 3 étudiants des Beaux-Arts de Paris et de la faculté d’Arts Plastiques de Paris) qui investissent les palissades autour du trou des Halles en les recouvrant de fresques sauvages aux couleurs hyper-vitaminées. C’est aussi l’époque de la Figuration Libre (mouvement artistique apparu dans un contexte d’art “sérieux”, minimaliste et conceptuel), une époque de créativité joyeuse et humoristique, née du Pop’art, du vidéo clip, du graffiti, souvent présente dans la rue, avec Robert Combas, les Frères Ripoulin (qui peignaient sur des affiches posées clandestinement), du groupe Banlieue-Banlieue qui commence ses actions en 1982 avec des performances pendant des expositions-concerts et colle en banlieue d’immenses fresques peintes sur papier kraft. Daniel Baugeste et Claude Costa (qui se faisaient enfermer la nuit dans le métro pour pouvoir en détourner les affiches), Hervé Di Rosa, Speedy Graffito, Paëlla Chimicos, etc. Outre la rue, les catacombes de Paris seront aussi à l’époque un lieu important du graffiti.
En octobre 1981 on peut lire le premier article consacré au graffiti new-yorkais dans la presse française (l’article « American Graffiti » est signé Pascaline Cuvelier dans Libération). En 1983, on voit une explosion artistique à Paris avec Saho, Skki, Lokiss, Scipion, TDK, Doc. Les premiers groupes sont les Paris City Painters, le Bomb Squad 2, le Bad Boys Crew. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la plupart des premiers graffiteurs sont des parisiens des beaux quartiers, le mouvement mettant des années avant d’atteindre les cités ! Au printemps 1983, Blitz, Asphalt et Spirit peignent un métro parisien, ce qui est une première. L’année suivante, la RATP embauche le graffiti-artist américain Futura 2000 (un des grands pionniers de la peinture urbaine. Il accompagne l’explosion du Hip Hop au début des années 1980 en voyageant notamment en Europe où il peint pendant les démonstrations de break-dance du Rock Steady Crew, et les concerts de Grandmaster Flash ou d’Afrika Bambaataa. Échappant au cloisonnement, il participe aussi à une tournée des Clash et enregistre avec eux The escapades of Futura 2000. Aujourd’hui, il expose ses toiles dans le monde entier) pour sa campagne “Ticket chic, ticket choc” (des affiches détournées à la bombe). En 1985, les VLP organisent à Bondy (Seine-Saint-Denis), le long du canal de l’Ourcq, le premier rassemblement international de fresquistes, graffitistes et peintres de rue. Les murs et ponts sont recouverts sur plusieurs kilomètres. Le graffiti “new-yorkais” et sa culture hip-hop prennent définitivement le pas à Paris sur les formes plus proches du monde de l’art contemporain, lequel retourne, sauf exception, à ses galeries. Début 1986, les graffiti-artistes “hip hop” français (Lokiss, Scipion, Saho, Skki et Jacki) ont droit à leur première interview, par Le Matin. Le graffiti “new-yorkais” se trouve alors dans des lieux privilégiés comme les quais de la Seine, les palissades du Louvre ou du centre Georges-Pompidou, le terrain vague de Stalingrad/La Chapelle, puis s’étend progressivement aux cités des banlieues où la culture hip-hop trouve son second souffle en devenant plus populaire et moins bourgeoise.
En 1987 sort le livre Spraycan Art, de Henry Chalfant et James Prigoff : ce livre est important car il est le premier à montrer que le graffiti existe hors de New York, il traite d’autres villes américaines mais aussi de Paris, Barcelone, Amsterdam, Londres, … La même année ouvre le premier musée des graffitis historiques, créé par Serge Ramond à Verneuil-en-Halatte dans l’Oise. Il regroupe plus de 3 500 moulages de graffitis de toute la France couvrant 10 000 ans d’histoire. Le musée propose une observation sociologique sur les mœurs et les mentalités, par le regard sur l’expression graphique et circonstancielle des humains de tous les temps. Il est un outil de travail pour les chercheurs, artistes, archéologues, sociologues et historiens. Il est, par le repérage temporel des objets exposés et la richesse iconique gravée, un support de méditation, dont l’onirisme ne peut s’exclure. En 1992 ouvrira le musée du graffiti ancien à Marsilly en Charente-Maritime. Le musée présente deux ensembles de pierres originales couvertes de graffiti. L’un provient de l’ancien moulin des Sables, à Charron (XVIIe-XVIIIe siècles) et le second de l’ancienne maison d’arrêt de La Rochelle, lieu de détention de marins étrangers (1799-1810). Les autres collections regroupent par thématiques de nombreux moulages de graffiti relevés dans la région avoisinante, dont une importante série de bateaux montrant l’évolution navale du XVIe au XIXe siècle. Le Clocher-Porche de l’église possède lui-même de nombreux signes gravés par des compagnons ou des pèlerins de passage. À travers les signes qu’ils ont tracés dans la pierre tendre de la contrée, les auteurs des graffitis nous ont laissé le témoignage de ce qu’ils ont vu, ressenti ou vécu : leurs préoccupations, leurs sentiments, leurs émotions, parfois leur peine ou leur désespoir.
À partir de 1988, selon le sociologue Alain Vulbeau, les “tags” deviennent insupportables pour la population parisienne : les articles des journaux n’en parlent en effet plus de manière bienveillante et dans l’opinion publique le vandalisme urbain a pris le pas sur l’art de rue. En ville, la multiplication des tags, des bombages, est perçue par les autorités comme l’une des expressions de l’insécurité : « Dire que la poésie (graffitée) est un sport dangereux est tout sauf accessoire » comme nous l’indique Miss.Tic ! D’ailleurs, en 1989, le dernier wagon graffité est mis au garage par la Metropolitan Transportation Authority à New York, achevant avec succès une campagne de 5 ans destinée à éradiquer le graffiti dans le métro de la ville. Cette campagne a coûté environ 250 millions de dollars.
C’est dans ce contexte tendu qu’en 1991 sort Paris Tonkar de Tarek ben Yakhlef et Sylvain Doriath, premier livre consacré aux graffitis parisiens. Pour que les choses soient claires, en 1992, une publicité de la RATP montrant un tag de Megaton avertit que « bien que nos galeries soient les plus fréquentées, certains modes d’expression n’y auront plus leur place » et lors d’un point presse, Jacques Chirac, maire de Paris, propose de réglementer la vente des bombes de peinture. Quelques semaines plus tard, à Bruniquel (Tarn-et-Garonne), des scouts éclaireurs de France engagés dans une opération de dépollution effacent des peintures rupestres datant de l’ère Magdalénienne (~ -15 000 ans) en croyant nettoyer des graffitis. En 1996, la société Keep America Beautiful Inc. et la compagnie Sherwin-Williams (fabriquant des bombes de peinture Krylon, légendaires dans le monde du graffiti) lancent un programme anti-graffiti : “Graffiti Hurts” (le graffiti fait mal).
En 1999, un sondage réalisé pour la SNCF fait état d’une opinion majoritaire contre les tags et graffitis qui sont associés à l’insécurité. Au même moment, ce sont les émeutes en banlieue et à Paris au sein même des manifestations étudiantes. L’insécurité est ressentie partout et par n’importe quel signe… Ce sondage sera donc le prétexte ou la raison, c’est selon, pour le procès que va engager la SNCF pour la censure des graffitis dans les magazines.
En 2003, la SNCF attaque en justice les magazines Graff’it !, Graff Bombz et Mix Grill, qu’elle accuse d’encourager le phénomène graffiti sur ses supports par la publication de photographies. Déboutée en première instance, la SNCF fait appel. Fin septembre 2006, la SNCF perd le procès en appel : les journaux, galeries, et consorts conservent le droit de montrer et diffuser des photos de graffitis mêmes vandales étant donné le fait que ceux-ci n’ont pas pour fin d’encourager à la dégradation mais bien de les relayer, avec la possibilité que ce soit un Art pour le public qui les regarde.
La fin de décennie 90 et les débuts 2000 sont marqués par la suprématie de l’art conceptuel, l’installation, le land art, la vidéo, le multimédia… Miss.Tic subit toujours, comme les autres figures de l’art mural, le scepticisme des marchands et des musées. Cependant, en 2002, son exposition à la fondation Paul Ricard Muses et Hommes marque un nouvel élan. Avec un brin d’arrogance et comme pour signifier une continuité avec les maîtres de la peinture, elle y réinterprète un certain nombre d’œuvres du patrimoine (Le Caravage, Rubens, Raphaël, Delacroix, David, Gauguin, Manet, Toulouse-Lautrec, Gustave Moreau…), rehaussées de charges critiques, de jeux de mots scabreux.
« Ce qui était dans les années 80 de la culture underground ou de la contre-culture est devenu une référence socioculturelle ». Miss.Tic et la génération d’artistes qui l’accompagnent ayant modifié peu ou prou nos repères esthétiques et moraux, les institutions commencent à accréditer certains artistes de ce mouvement.
-trouvé sur photograffeurs.over-blog.net
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Bando_quais_de_seine_1985.jpg
http://fr.wikipedia.org/wiki/JonOne
http://fr.wikipedia.org/wiki/Futura_2000
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